La dynamique des grands travaux liée notamment à ceux de l’activité minière (Usine du Nord, Usine du Sud) et aux grands chantiers publics (médipôle, ZAC de Dumbéa, aménagement de la RT1, chantier Néobus dernièrement…) est un élément majeur des régimes de croissance que la Nouvelle-Calédonie a connu c’est 20 dernières années.
Cette période, permise notamment par l’accord de Bercy est derrière nous, car nous vivons actuellement une séquence économique, sociale et politique inédite qui ne relève pas d’une surprise mais d’un moment que beaucoup redoutaient ou attendaient. Le sujet qui nous préoccupe, au-delà du « buzz » nourri par la saison cyclonique, la période référendaire, et la crise sanitaire, c’est bien le ralentissement de la croissance économique qui pourrait s’installer dans le temps et se traduire peu à peu en récession. Malgré le caractère naturel de ce phénomène cyclique, beaucoup, pour masquer leurs fuites de responsabilité, leurs incompétences et leur mauvaise foi, tentent de trouver le ou les coupables dans le buzz.
Mais il s’agit bien de trouver ensemble une solution permettant d’éviter que ce ralentissement économique ne se transforme en récession. La formule magique est donnée comme un acte politique fort du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie au sortir des provinciales de 2019 : Un plan de relance nous dit-on ! Alors donc, qu’avons-nous dans notre boîte à outils ? Rien de mieux que les vieilles recettes auxquelles on saupoudre de mesurettes pour donner l’impression que l’on fait quelque chose. En effet, nos décideurs politiques ont choisi pour influer sur la situation, d’utiliser comme leviers : Le budget et la fiscalité mais sans aucune réforme de fonds. Or, ces outils trop souvent utilisés, sont rendus inefficaces aujourd’hui. Ils contribuent depuis des années à l’endettement et à une pression fiscale inégalement répartie au sein de la société calédonienne avec le risque d’exacerber des inégalités sociales toujours plus profondes d'année en année.
Autre piste déjà privilégiée et usitée : l’aide de l’Etat sous forme d’emprunts et de garanties. Elle constitue une des raisons de notre endettement et de notre incapacité à réinventer notre système. Et même si beaucoup n’en a cure, cela reste une question de dignité que de quémander une nouvelle fois. Or, nous savons que nous lui sommes déjà redevables, et pas qu’un peu.
Autres leviers : les réformes économiques et sociales. Longtemps attendus, leurs effets seront encore à attendre à condition de les engager dès maintenant. Malheureusement, le courage politique n’a jamais été la plus grande qualité de nos décideurs alors même que l’arrivée d’une nouvelle génération menant une campagne électorale pleine de promesses nous avait redonné de l’espoir un tant soit peu.
En définitive, nous sommes dans l’impasse et nous retournons vers nos propres démons. Nous réitérons nos écueils et promettrons aux jeunes générations que tout se passera bien, mais à peindre en noir un tableau déjà sombre, on ne change rien.
Revenons à notre sujet, la relance économique ! Ne pourrait-elle pas passer par l’usage de l’instrument monétaire. Juridiquement non, puisqu’il s’agit d’une compétence régalienne et quand bien même la Nouvelle-Calédonie en aurait besoin, il reste à la discrétion de la mère patrie. Techniquement, il s’agit de manipuler l’offre de monnaie en visant des résultats de politiques publiques telles que la croissance économique, l’investissement privé et public, le chômage etc... A titre de rappel, l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM), notre banque centrale, est déjà présente en Nouvelle-Calédonie. Politiquement, se serait un choix plus responsable puisque couplé à d’autres leviers, on userait alors de l’ensemble des outils nécessaires aux intérêts de l’économie locale. C’est au travers des situations que nous traversons aujourd’hui, que l’exercice de certaine compétence de souveraineté, ici la monnaie, nous serait profitable et nous permettrait d’éviter l’enlisement économique et social.
Bien que les solutions à court terme soient déjà toutes trouvées, poursuivons nos réflexions et, de manière objective, choisissons ce qui est mieux pour notre pays.
Enzo Contributeur occasionnel de La Lettre NC Diplômé en sciences-économiques (Université de Bourgogne) Passionné de musique et de randonnée
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